TarOne - Le loser magnifique
A l’heure où le platine est brandi comme un trophée, discuter rap avec TarOne, c’est parler rencontres, scènes, culture, skillz et passion. Une passion devenue rare: celle qui vibre pour la culture hip hop dans son ensemble, et qui dure depuis au moins 20 ans. Pas encore de disque d’or ou de platine au compteur mais des mixtapes; un EP et un album avec le Dope Skwad dans les années 2000, ponctué par un album solo remarqué, puis quatre EP avec le Dope ADN de 2011 à 2014, fusion verviétoise temporaire du Dope Skwad et du duo ADN 7.6. Avec son acolyte Daex, TarOne était l’un des rares Verviétois dans un paysage très bruxellois. Parcourir 20 ans de rap avec lui, c’est passer de petites salles sombres où les têtes dures tenaient les murs, à ce qui nous paraissait alors à tous totalement improbable: voir des festivals pleins à craquer qui pogotent en choeur sur les paroles de nos artistes locaux. C’est aussi traverser l’histoire du rap belge vue de Verviers, quand l’artisanat se fabriquait sur Face B entre deux go-pass, et que les plus beaux débats se passaient dans les forums. Comme celui de DaRealNess, webzine fondé par TarOne et Daex, avec Aral, un autre verviétois bien connu, qui a rassemblé entre 2003 et 2005 un petit milieu d’amateurs et d’affiliés parfois inattendus. Aujourd'hui, c’est par des vidéos sur Youtube que se rappelle à nous TarOne, auto-proclamé loser certes mais magnifique, entre archives revisitées et nouveaux morceaux, avec en ligne de mire un concept d’album - livre, à venir, on l’espère, prochainement. En attendant, on parle d’écriture et de technique, de nouvelle école et de vieux cons, et on essaie de comprendre pourquoi le rap.