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Chronique transports

24 Episodes

3 minutes | May 14, 2022
La voiture à hydrogène, le défi coréen
Le salon HY-Volution vient de fermer ses portes à Paris. Pendant trois jours, ce grand rendez-vous international a réuni les plus grands experts du transport à hydrogène. Cette année encore, la Corée du Sud réaffirme son ambition de devenir la championne du monde de l'hydrogène. Un titre à gagner à condition de produire de l'hydrogène «vert», moins polluant que celui issu du pétrole.
3 minutes | May 7, 2022
Jean-Louis Guigou, oui à l'autoroute de l'Afrique
Oui à l'autoroute qui traverse l'Afrique ! Son édito dans le journal Le Monde Afrique, a fait beaucoup de bruit. Jean-Louis Guigou, président fondateur de l'Institut de prospective économique (Ipemed) et fin connaisseur du territoire africain, y défend la Transsaharienne. Ces 10 000 km d'autoroute et de voies ferrées entre l'Algérie et le Nigeria, plus au sud. Un projet qui tourne aujourd'hui au ralenti. RFI : Pourquoi cet attachement viscéral à la défense des transports en Afrique ?  Jean-Louis Guigou : Les transports, ce sont comme la colonne vertébrale dans le corps humain ! Une charpente de circulation, donc de développement. Cet axe, Europe-Méditerranée-Afrique, est un axe clé pour le monde entier. Mais nous, Européens, nous sommes voisins. Nous devons coopérer avec les Africains sur cette grande route Algérie-Nigeria. Vous savez, l'histoire nous a rapprochés, nous a éloignés... On s'aime, on se déteste mais, au final, on se comprend ! Ce genre de grands travaux peut en apporter la preuve.  Or, les investisseurs chinois viennent de se retirer du projet ! D'où la menace sur la continuité de cette transversale de milliers de kilomètres ? J-L G : Oui ! Les Algériens ont commencé les travaux. Avec eux, c'est vrai, il est toujours difficile d'avoir des informations. Néanmoins, ils en seraient aux deux tiers en route et voie ferrées. C'est l'aménagement de territoire le plus important du monde. Il faut l'accompagner de l'accès à internet, le transport de l'information.   Combien de temps de transport ferait gagner ce projet de transversale nord-sud ?  J-L G : Comparez : 6 000 km seraient parcourus en six jours. Alors qu'actuellement par la côte ouest de l'Afrique, on le fait en bateau de port à port en trois semaines. Connaissez-vous les raisons de ce retrait chinois ? J-L G : Je connais ce que l'on me dit à Alger. Il y aurait deux raisons. Premièrement, l'immensité du chantier et deuxièmement les menaces de terrain au Sahel.  Le terrorisme empêche tous les projets de développement ? J-L G : Je ne dirais pas ça. Il y a deux façons de voir les choses. Au contraire, on peut penser que l'installation du terrorisme dans la région vient de l'absence d'infrastructures. La circulation des personnes et des marchandises est le socle d'une bonne économie.   L'idée est de relier le Nord au Sud. Ce serait une première dans la vie du continent africain ! J-L G : Et quelle première ! Du jamais vu. Puisque vous pénétrez à l'intérieur du continent. La liaison de cette transsaharienne relierait le port algérien de Cherchell (L'ouverture du port est prévue pour 2025) jusqu'à Lomé au Togo et à Lagos au Nigeria.  Pourquoi pas une route partant du port d'Alger ?  J-L G : Parce que les Algériens le réservent pour le tourisme. Le projet est de faire d'Alger, une ville comme Nice ou Cannes. Cherchell n'est pas très loin d'Alger. Du point de vue de la distance, le transport des matières premières n'en sera pas trop bouleversé.   Cette transsaharienne aura-t-elle des branches entre pays voisins de l'Algérie ? J-L G : Parfaitement ! C'est prévu. Des extensions vers la Tunisie, le Mali et le Niger.  Des pays touchés par le terrorisme. Autant dire, que ce projet est un projet qui ne se fera jamais...  J-L G : Non ! Mille fois non ! Regardez-ce qui s'est passé aux États-Unis d'Amérique ! Le chemin de fer, les routes... Grâce aux trains, aux camions, aux autoroutes de qualité, ils ont bâti la première économie du monde ! Et en Europe, juste après la guerre, les Français, les Allemands et le reste des pays se sont entendus pour développer le transfert du fer et de l'acier, cela a fait éclore l'Union européenne. Justement en Europe, selon vous, la guerre en Ukraine (avec les pénuries de céréales qui s'en suivent en Afrique) pourrait accélérer la reprise des travaux. J-L G : Oui. Imaginez le troc possible ! Un contrat sur 20 ans entre l'Algérie qui importe toutes ces céréales et une Europe en demande de gaz et de pétrole ! L'Algérie regorge de matières premières utiles aux industries européennes. C'est vrai dans les secteurs de l'énergie et de l'automobile.  Pour finir avec une fenêtre sur l'avenir... Vous sillonnez le continent africain, que vous disent les jeunes générations de ces projets de routes Nord-Sud ? J-L G : Que du bien ! Ici à Paris, on n'imagine pas le besoin de la jeunesse et l'enthousiasme pour prospérer et créer. Je rencontre les Touaregs, je rencontre les jeunes algériens et nigériens. Ils reconnaissent les méfaits du terrorisme. Autour d'eux, il n'y a que la prostitution, le trafic d'armes. Or, vous savez, c'est reconnu. Même les jeunes jihadistes les plus aguerris se sont enrôlés dans des combats sanglants à cause du chômage. Avec cette transsaharienne, ce seraient des milliers d'emplois pour cette jeunesse.
3 minutes | Apr 30, 2022
Y a t-il un humanitaire dans l'avion?
La France est le seul pays à posséder une compagnie aérienne humanitaire. Ce mois d'avril, Aviation sans frontières aura marqué l'actualité en embarquant l'un de ses parrains : l'astronaute et pilote de ligne Thomas Pesquet. Mais au-delà du transport de médicaments ou de médecins en Afrique, d'autres acteurs s'engagent. Le secteur manque pourtant de bénévoles.  Une compagnie aérienne comme les autres, mais pas tout à fait quand même. Avec seulement deux appareils Cessna (des avions de brousse et terrains difficiles), Aviation sans frontières est la seule organisation non gouvernementale (ONG) au monde à posséder un certificat de transport aérien.  Transporter des médicaments bénévolement en Afrique m'a rendu utile, ça a changé ma vie ! Gérard Feldzer, président d'Aviation sans frontières. C'est un appel aux bonnes volontés que lance Gérald Feldzer, président d'Aviation sans frontières. Comme il le souligne, son organisation a besoin de pilotes bénévoles. Des professionnels pour conduire les appareils, mais aussi du personnel pour former les jeunes recrues au chargement et à la logistique. L'ONG achemine chaque année près de 8 400 colis médicaux et 20 tonnes de marchandises (vêtements, nourriture, matériels de première nécessité...). « J'ai découvert la joie de revenir de mission, explique Gérard Feldzer, avec cette satisfaction d'avoir donné un sens à ma vie et à celle des enfants ou des personnes dans le besoin. Que de souvenirs... En Somalie, au Mozambique, parfois, on s'est même fait tirer dessus ! Nous avons plusieurs possibilités, soit nous pilotons des avions prêtés par de grandes compagnies aériennes, soit nous prenons nos deux avions Cessna pour aller hors des capitales, dans les zones reculées, inaccessibles. J'encourage tous mes collègues, y compris les jeunes en école d'aviation à venir sur leurs vacances, se former au pilotage avec nous. » La France en tête de l'aviation humanitaire Ailleurs dans le monde, seuls les États-Unis ont l’équivalent d’Aviations sans frontières avec Aviation Fellowship, une organisation chrétienne. En France, il existe aussi l’association Pilotes volontaires qui intervient surtout en mer. Quant aux voisins européens : la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne et bientôt l'Italie ont contacté les Français d'Aviations sans frontières pour créer des succursales étrangères au sein d'Aviation sans frontières International.  La Fondation Airbus et les Little Engineers Depuis dix ans, l'avionneur européen Airbus soutient des écoles en Afrique (Kenya, Malawi, Sénégal...) mais également aux États-Unis et au Moyen-Orient. À travers le programme Little Engineers (Petits ingénieurs), la fondation Airbus encourage les jeunes filles et garçons aux carrières scientifiques. Hanya Tabet est responsable des programmes à la Fondation Airbus : « Les enfants de nos programmes Little Engineers ont 15 ou 16 ans. Et vous savez, ils sont de vrais passionnés d'aviation et de conquête spatiale ! Avec les défis écologiques, nous allons avoir besoin d'ingénieurs pour construire de futurs appareils moins polluants. C'est une joie de les voir s'intéresser et s'extasier devant les prouesses de la robotique et même des mathématiques. Ils découvrent leurs futurs métiers, leur propre destin. » SOS avions-hôpitaux humanitaires Le besoin existe. Mais le coût d'un avion-hôpital est trop important pour une ONG comme Aviation sans frontières. L'appel est lancé. Peut-être y a-t-il la possibilité d'une future collaboration entre l'industrie et l'aviation humanitaire qui en rêve...
3 minutes | Apr 23, 2022
Gaël Musquet, à l'attaque des attaqueurs de voitures
Après avoir écouté cette chronique, vous ne fermerez plus jamais votre voiture de la même façon ! Imaginez... votre véhicule à l'arrêt qui, tout à coup, démarre sans personne au volant ! Peut-être alors penserez-vous à l'auteur de ce méfait, Gaël Musquet. Ce Français, originaire de La Guadeloupe où enfant, il a été frappé par la violence d'un ouragan, est aujourd'hui météorologue. Et il combine ses deux passions : la gestion du risque et l'informatique. Le tout, au service du transport. C'est d'ailleurs début avril, au concours de hackers (ou pirates informatiques) à Rennes en Bretagne, que Gaël Musquet a créé l'événement. Rencontre. RFI: pour prendre le contrôle d’une voiture, vous êtes entré à distance dans les systèmes des outils connectés… Quels outils ?  Gaël Musquet : ce n’est pas compliqué ! Cela va de la clé, des pneus, de la radio, des rétroviseurs. Aujourd’hui tous ces outils sont connectés aux serveurs des constructeurs et des équipementiers. Un professionnel comme moi peut passer par les câbles qui sont à l’arrière de vos rétroviseurs !  Et le téléphone portable ?  Évidemment ! C’est même l’outil par lequel il est le plus facile pour un hacker de prendre les commandes. Imaginez un peu, lorsque vous conduisez que ce soit en Wi-Fi ou via le Bluetooth pour écouter la radio ou votre musique. Tout, je dis bien tout, passe par votre téléphone puisqu’il vous permet de téléphoner en conduisant sans lâcher le volant. Mais ces piratages de véhicules individuels, de Mr et Mme Tout Le Monde, paraissent encore très rares de nos jours, non ?  Détrompez-vous ! Ils existent et la tendance, avec les commandes de plus en plus dématérialisées (fermetures des portes avec le téléphone…) ne va qu’augmenter. La raison principale de pirater une voiture aujourd’hui, c’est de la voler à distance, en ouvrant les portes ! Pour cela, le pirate informatique a réussi à pénétrer le système. Il peut donc s’emparer des commandes de votre clé. D’autant plus si vous utilisez votre téléphone, comme cela existe, par exemple, pour fermer votre voiture.  Vous craignez de futures attaques, voire même des piratages massifs de véhicules. Des opérations venant de groupes mafieux et de terroristes. Mais pour arriver à quoi ?  Il y a plusieurs formes de risques. Imaginez la catastrophe d’une avalanche d’accidents de la route. Ou bien modifier les directions des véhicules. Ou bien encore l’arrêt total de la circulation. Le blocage des autoroutes. Cela dépendra du but recherché par les cybercriminels.  Paralyser une ville entière, c’est aujourd’hui possible ?  Oui ! C’est en tout cas un risque. Il suffit que des pirates parviennent à pénétrer dans le système d’un véhicule lui-même connecté au serveur du constructeur qui est lui-même relié aux autres automobilistes. Arrêter tous les véhicules (voitures, camions…) en s’emparant de leur GPS (Système de guidage routier) ce n’est pas de la science-fiction, c’est aujourd’hui possible et ça le sera d’autant plus demain, avec les voitures autonomes ou plus connectées encore qu’elles ne le sont aujourd’hui. Donc, si je comprends bien, vous pouvez pirater une voiture rien que par la présence des téléphones portables ou des ordinateurs des passagers ? La seule présence dans la voiture suffit… Exact.  D’où l’importance, dites-vous, de prévenir les professionnels mais également le grand public, ces Mrs et Mmes Tout le Monde ! C’est mon combat ! Le combat de tous les hackers qui, comme moi, travaillent au service de la population, des consommateurs.  Mais alors, quels conseils pour empêcher ce piratage à distance ?  Les mêmes qu’avec les gestes simples qu’il faut utiliser avec votre ordinateur ou tablette à la maison ! Ne pas cliquer sur n’importe quel mail, ne pas ouvrir des liens inconnus sur internet… Des précautions à avoir en tête tous les jours.  Comme une toilette de salle de bain. D'ailleurs, les experts comme vous, parlent d’hygiène informatique… Comme le brossage des dents !  C’est la même chose ! Une fois que vous aurez pris l'habitude, c'est ensuite un jeu d’enfants ! Le principal est de se poser la question en apercevant une adresse ou un mail inconnus.  Vous allez éditer des fiches en France, destinées au grand public.  Oui, il faut vraiment que la génération de nos enfants soit avertie des risques. Il s’agit d’inculquer les réflexes de base qui rendent plus difficile les vols ou les attaques de véhicules. Autre exemple, pour les clés d’une voiture, il existe dans le commerce des protège rayonnements…  Sur le modèle des protège cartes bleues de la banque ?  Oui ! C’est aussi utile de savoir qu’on peut acheter ces accessoires qui freinent la vitesse d’effraction d’une voiture, exactement comme un anti-vol, il faut freiner la vitesse et la facilité de pénétration d’une voiture pour contrer les hackers.  Est-ce le marché du transport autonome (bus, taxis, voitures, camions, avions, trains, drones…) qui vous donne le sentiment d’une telle urgence ?  Oui. Même si le trafic autonome n’est pas pour tout de suite. Il arrivera un jour. Et en attendant, il y aura des étapes. Nous ne devons pas laisser des failles s’installer auprès des constructions de ces nouvelles voitures ou camions ou train, avions, navires…  Tous les types de transport sont donc concernés ?  Tous sans exception ! Les pirates du transport s’attaquent aux nouveaux drones sortis sur le marché comme aux simples voitures, tous les types de transports sont visés. Les dernières grosses attaques en mer contre des navires de Fret (transport de marchandises) ont donné lieu à des demandes de rançons. Par effet domino, l’action de ces bandes criminelles va toucher tous les clients qui ont des biens sur ces bateaux.  L’une de vos autres préoccupations concerne les locations de voitures.  C’est l’une des portes d’entrée favorites des pirates. Dès que vous entrez dans la voiture, si vous voulez accéder au GPS ou au Bluetooth, l’ordinateur de la voiture va vous demander une connexion à votre téléphone.  Dans ce cas-là, il faut refuser ? Évidemment ! D’autant plus si vous avez vos mails professionnels ou des données sensibles dans votre I phone.  Pourtant, en 2017, la France a crée un Observatoire des Transports Intelligents, cela veut-il dire qu’il n’a servi à rien ?  Sans aller jusque-là, je dirai qu’en France, il manque la culture du risque cyber !  Le grand public ou les constructeurs de moyens de transport ?  Les deux ! Il faudrait (comme c’est le cas chez nos voisins européens, en Allemagne par exemple) réunir tous les acteurs de la chaîne. Du constructeur, au mécanicien, en passant par l’équipementier. Pour les former aux risques. Ensuite, ils décideraient des systèmes de pare-feu, afin d’empêcher les vols. Cela modifierait la façon de concevoir leurs véhicules.  La France est-elle en retard par rapport aux européens ou pays du monde ? Vraiment en retard oui ! Aux USA, ou ailleurs en Europe, on peut voir les constructeurs prêter des voitures aux hackers ! Ces concours poussent les pirates comme moi à trouver les failles des voitures. Les constructeurs, eux, gagneraient du temps. Donc de l'argent en évitant des erreurs et des risques de devoir refaire des modèles.  Pour qui travaillez-vous aujourd’hui ?  Pour l’industrie automobile. Pour la marine marchande, pour le secteur spatial avec le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales. Mais aussi pour le ministère de la Défense. Les militaires sont les premiers intéressés. Ils sont très ouverts pour avertir les populations. Je travaille pour le ministère de la Défense, une collaboration très efficace.  Parlons de votre avenir. Vous allez mettre à profit votre expérience au sein du nouveau cyber campus de Puteaux, près de Paris.  J’en suis très heureux. C’est une nouvelle école où les jeunes peuvent se former aux risques d’attaques informatiques. Il s’agit du transport comme des bâtiments sensibles ou des nouveaux outils qui vont toucher notre vie de tous les jours (maison, transport, ville…)  C’est assez cocasse. Mais c’est en réalité votre métier de météorologue qui vous a poussé vers le hacking. Pirater pour empêcher d’être piraté !  C’est tout à fait ça ! Peut-être est-ce lié à mon enfance en Guadeloupe. Dès l’enfance, j’ai été traumatisé par la violence des ouragans. Du nombre de morts humains et de dégâts matériels qu’ils peuvent faire. J’ai fait le mix, la météo couplée à ma seconde passion, l’informatique !
3 minutes | Apr 16, 2022
Afrique: Bolloré s'en va, d'autres arrivent
C'est un départ qui a fait l'effet d'une vraie révolution dans le secteur des transports en Afrique ! Début avril, l'industriel français Bolloré confirmait la vente de ses activités logistiques à l'armateur italo-suisse MSC. Il s'agissait du plus important opérateur mondial dans le secteur des ports, des voies de chemins de fer ou d'entrepôts africains. L'opération arrive dans un contexte de mondialisation où l'Afrique s'ouvre à d'autres, mais de l'avis de grands spécialistes du secteur, cette concurrence est une bonne façon de stimuler les nouveaux entrepreneurs, français et étrangers.
3 minutes | Apr 9, 2022
Emballé c'est pesé: on embauche dans le transport de marchandises
Le transport de marchandises a fait salon cette semaine à Paris ! Trois jours durant, transporteurs, spécialistes des emballages ou des entrepôts du monde entier se sont rencontrés au SITL, le salon de l'Innovation, du Transport et de la Logistique. Mais cette année, toutes les rencontres de la filière sont arrivées au même constat : le transport de marchandises manque de personnel ! Le fret embauche. Et c'est à la jeunesse que les experts veulent s'adresser. C’est en bord de mer de Deauville, en Normandie, qu’elle vient de réunir les patrons du transport de marchandises. Elle, c'est France Burnand, l’une des plus grandes expertes françaises de la logistique. Trente années à organiser des salons internationaux. Mais cette année, elle innove avec l’Optim Salon 2022.   Optim Salon, le salon où l’on parle des embauches Optim Salon, un salon comme son nom l’indique, doit faire gagner du temps. Pas de stands, uniquement des rendez-vous en tête-à-tête entre décideurs. Parce que comme le souligne France Burnand, il n’y a plus de temps à perdre.  CAP, BTS, diplôme universitaire, tous âges et niveaux demandés Les transports de marchandises comptent parmi les rares domaines qui manquent de personnels, il faut donc cibler les besoins :  « Moi, je dis aux jeunes, explique France Burnand, allez-y, lancez-vous ! C’est un monde en constante évolution. Tout autour de nous, concerne le transport ou la logistique ! Regardez nos téléphones portables, nos médicaments, nos meubles. Je me bats pour faire connaître l’éventail des métiers possibles. Du chauffeur routier aux ingénieurs en robotique, en intelligence artificielle. Ou bien encore des ouvriers en entrepôts qui maintenant apprennent à conduire des instruments automatiques. Du CAP au BTS à la licence universitaire, tous les niveaux et tous les âges sont demandés. »   Le Covid-19, l’e-commerce et l’essor du colis livré chez soi La pandémie de Covid accéléré une tendance de l’époque, l’e-commerce, les achats sur internet. Beaucoup de formations existent en France pour se former à la gestion des entrepôts, ou bien secteur par secteur, transport par bateau, train ou camions.  La Delivery academy, l’école des 1 000 livreurs et dispatcheurs      Mais dans les villes, qui dit vente à distance dit forcément livraisons rapides. « Dans le domaine, on voit tout et n’importe quoi ! », s’exclame Augustin Doumbe. Cet ancien élève de l'École supérieure des transports à Paris veut éviter que des patrons considèrent les livreurs comme des travailleurs à bas prix, corvéables et jetables.  Savoir dire bonjour ! La politesse, le b.a-ba de la formation Vélo, voiture ou scooter, l’une des bases apprises à l’Academy est qu’un bon livreur est un livreur souriant, sachant représenter le produit livré :   « 10 minutes ! C’est aujourd’hui la durée moyenne d’un recrutement de livreur en France ! explique Augustin Doumbe. Cela fait de gros dégâts. Les entrepreneurs ne savent pas fidéliser leurs livreurs, et les livreurs changent de société en moins de 6 mois. Cette année, la Delivery academy propose une nouvelle formation qui propose aux anciens livreurs de devenir chefs d’équipe et responsable du dispatching. Savoir organiser un tableau de livraisons est un vrai talent ! » 30 000 postes disponibles Alors futurs ingénieurs en robotique, futurs livreurs chauffeurs ou spécialistes des colis et emballages, lancez-vous ! 30 000 postes cette année sont proposés.
2 minutes | Apr 2, 2022
Allo? SOS marins en détresse psychologique
L'idée existait avant la pandémie de Covid-19, mais c'est sans doute la crise sanitaire qui aura mis au jour l'ampleur de la détresse en mer. Pour lutter contre l'isolement des marins, un hôpital de Saint-Nazaire, dans l'ouest de la France, propose une écoute à distance. Grâce à ce nouveau numéro de téléphone gratuit, anonyme et disponible 24h/24, les marins peuvent exprimer leur mal-être. Prise d’otages avec armes à feu dirigées contre l’équipage. C’est l’un des traumatismes répandus chez les marins. Mais attention, qu’on ne s’y trompe pas ! avertit Camille Jégo, psychologue de Saint-Nazaire, à l’origine de ce nouveau numéro d’urgence.  Tentatives de suicide, dépressions maladies cardio-vasculaires Camille Jégo supervise le Centre Ressources d’Aide Psychologique En Mer (CRAPEM). Son expérience lui prouve chaque jour deux choses : premièrement, les mentalités évoluent (il y a 5 ou 10 ans, elle aurait eu du mal à faire accepter une telle plateforme d’écoute. Deuxièmement, ce sont souvent les chocs invisibles les plus dévastateurs. Parler de son mal-être, explique-t-elle, n'est pas une chose évidente dans le milieu maritime. Cela demande d'affronter ses complexes, ses tabous ou le manque d'habitude, de considérer et de regarder ses propres états d'âme. Le monde des marins est un milieu isolé où il existe souvent une solidarité d’équipe. Cela aide parfois à supporter les chocs, mais qui ne fait que repousser l'apparition des problèmes psychologiques. Les tentatives de suicide, les dépressions surviennent souvent quand le personnel rentre chez lui ou reste un moment en escale. Cela reste un univers essentiellement masculin où on n’a pas l’habitude d’exprimer ses angoisses. C’est pour cela que nous proposons des écoutes anonymes, avec un lien avec l’hôpital en cas de besoin de suivi le long de l'année.  La détresse psychique arrive là où on ne l’attend pas L’isolement, la barrière de la langue, mais également une tempête, une collision ou bien encore des bouleversements professionnels comme les limites de pêches dans les eaux britanniques après le Brexit.  Confinements à bord pour cause de Covid, tentatives de suicide et dégâts psychiques. Ces deux dernières années, certains équipages ont dû rester des mois, voire une année entière avant de pouvoir accoster ! À l’angoisse de la maladie, s’est ajoutée l’éloignement des hôpitaux et la séparation d’avec leur famille restée dans les pays d’origine. Dépressions, maladies cardiaques, tentatives de suicides s’en sont suivies.  Anonyme, gratuit et en langue maternelle Prévenir plutôt que guérir. Voilà l’intérêt des écoutes téléphoniques. La cellule de Saint-Nazaire propose un service en français anonyme et gratuit. Les soignants du personnel de la mer savent que bien des accidents seraient évités à bord, si tous les marins pouvaient bénéficier d’espaces où parler librement.  La France sur le podium de l’écoute des marins La contrainte, c'est l’anglais (la langue officielle des marins.) Mais qui n’est pas la langue d’origine de la plupart des équipages. Or, le mal-être est un état difficile à exprimer. Il demande parfois des mots liés à l’enfance, plus faciles à dire dans sa langue natale. Grâce à ce nouveau service proposé par les hôpitaux de Saint-Nazaire, la France devient un pays modèle en matière d’assistance à ses marins, à la différence d’autres pays moins regardants. ISWAN, l’aide 24h/24 en mer Mais le monde maritime a déjà commencé à bouger. Reconnaissant les besoins d’aide psychologique, une Organisation non gouvernementale basée en Grande-Bretagne a développé ISWAN (International Seafarer’s Welfare And Assistance Network), un centre d’urgences internationales.  L’urgence du personnel asiatique et africain Une ligne d’écoute existe aujourd’hui pour les marins philippins. Avec les travailleurs indonésiens, les Philippins forment une grande partie des équipages en mer toute l’année. Mais du fait de leur pauvreté, ces personnels acceptent de monter sur des bateaux douteux. Du point de vue de la propreté et des salaires versés.  Un scandale qui les rend vulnérables et motif de stress psychique. Le docteur Erick Gokalsing est expert psychiatre sur l’île de la Réunion où il soigne des marins malgaches :    C’est un phénomène connu ici sur l’île de la Réunion. La presse locale en a même parlé, mais ces armateurs qui embauchent des équipages malgaches sur des navires polluants avec des chambres sales et des conditions d’hébergement que des européens n’accepteraient pas. Le fait d’avoir absolument besoin de cet argent les pousse à ne pas se plaindre. Pour ces pêcheurs, c’est extrêmement violent dans la tête. Je me souviens que pendant cette pandémie, les bateaux n'avaient pas d'oxygène en cas de complication de Covid. Cela aussi a généré beaucoup d'angoisses.    Les épouses de marins dans la boucle La pandémie aura fait évoluer les mentalités. Pour les familles et épouses de marins, il est aujourd’hui possible (en cas d’urgence d’aide psychologique) de bénéficier de ces lignes d’écoute téléphonique.    Numéros utiles Centre d'aide psychologique France : (+33) 240907501  Eurisles, l'actualité du secteur maritime Hotline multilingue : +443000124279 CRAPEM : (+33) 240907501 ou via le CCMM : (+33) 5 34 39 33 33
3 minutes | Mar 26, 2022
Le Mexique, ses plages et son train Maya
Un mot nouveau existe au Mexique : la Touristification. Aucune connotation, positive ou négative. Il s’agit juste du terme utilisé par les Mexicains pour parler du choix du président Andres Manuel Obrador de faire du Mexique un pays touristique. Une boucle de 1500 km dans le sud-est mexicain Le train Maya traversera les États du Chiapas et du Yucatan, les régions les plus pauvres du Mexique. Samuel Jouault, géographe français, vit sur place, à Merida, la ville principale du Yucatan. En expert du territoire et du développement, il craint les simplifications. Nombre d’articles publiés depuis l’étranger se contentent d’opposer les avis (associations écologistes) contre industriels du tourisme : « Ce méga projet de train Maya fait beaucoup parler. Les travaux ont déjà commencé. Mais dans les milieux intellectuels, à l’université et dans les centres de recherches sociales, des voix s’opposent surtout au Fonatur, l’organisme public du tourisme, le Fonds national pour la promotion du tourisme. Ce fonds est responsable du futur circuit du train Maya. Or, dans le passé, le Fonatur ne s’est pas montré respectueux de la préservation de la nature ni des populations autochtones. Mais moi, je vois les choses évoluer ! D’ailleurs le gouvernement a bien compris l’enjeu puisqu’il met en avant les consultations et réunions organisées auprès des populations locales ». 300 000 emplois à la clé Depuis son bureau de Mexico, Octavio Paredes Lopez, président de l’Académie des sciences, explique que peut-être, avant d’investir l’argent dans le projet touristique du train Maya, le gouvernement aurait dû honorer ses promesses d’améliorer le secteur de la santé : « D’un côté je me réjouis de ce projet de développement du pays. Mais de l’autre, je crains qu’il soit devenu une priorité sur d’autres budgets comme celui de la santé pourtant très important. Le président Obrador avait promis d’améliorer la santé et ce n’est toujours pas fait. Mais je sais aussi que le Mexique a besoin de trains et de voies ferrées. L’essentiel des trajets ici se fait par la route ». D’anciennes voies ferrées réhabilitées Les trains du futur circuit ferré Maya circuleront sur d’anciennes voies abandonnées. Dans les régions les plus isolées, de nouvelles voies sont déjà en construction. Or, parmi les populations autochtones, certaines ont accepté d’être délocalisées, d’autres ont réussi à mobiliser les associations pour que les chemins initiaux soient modifiés et contournent leurs villages au lieu de les traverser. Risque de folklorisation maya Comme d’autres spécialistes en économie sociale, le chercheur Luis Reygadas, de l’Université autonome de Mexico, s’inquiète du dialogue de sourds opposant les pro-train Maya à ces détracteurs : « Dans cette affaire, aucun camp n’écoute l’autre ! Certains opposants continuent de refuser le dialogue. Ils s’opposent radicalement et ne veulent rien entendre. D’un autre côté, je crois que le président Obrador a tout fait de façon trop autoritaire. Les Mexicains peuvent donc penser légitimement qu’ils n’ont pas la possibilité de se prononcer tellement le pouvoir est convaincu par ce projet touristique ». Le train Maya: des plages de Cancun au transport de pétrole À grand renfort de spots vidéos sur le réseau You Tube et sur son propre site internet, le département régional du tourisme du Yucatan fait savoir que ce circuit de train Maya s’accompagnera d’enveloppes pour développer la culture maya. De la production de miel à l’artisanat, l’encouragement à une économie solidaire est mis en avant. Le second argument est l’aide au transport du pétrole de ces États du sud-est mexicain, pourvoyeur de 95% du pétrole du pays. Or, le Fonatur a déjà été critiqué pour des promesses d’emplois, mais d'emplois au rabais, au risque de faire de ces trains mayas des trains de folklore local. Le train Maya face à la loi Là encore, pas de simplification rapide. Vingt recours en justice ont été déposés par les opposants écologistes et les avocats des droits de l’homme (les principales motivations sont les délocalisations de populations et les ravages environnementaux.) Du côté des soutiens, on compte 24 coopératives mayas qui ont voté pour ce train Maya. Pendant la pandémie de Covid 19, le chantier continue ! Ce projet de train Maya s’inscrit dans un plan plus vaste autour des infrastructures du Mexique avec quatre méga-chantiers : le nouvel aéroport de Mexico, la construction d’une raffinerie dans l’État du Tabasco, l'agrandissement du port de Progreso dans l’état du Yucatan, et le projet d'extension des voies ferrées à la frontière avec le Guatemala à l'isthme de Tehuantepec. « Les transports, une question de sécurité nationale et d’intérêt public » Dès son arrivée au pouvoir en 2019, le président Obrador a fait des transports une question de sécurité nationale. Il l’a d’ailleurs répété dans un discours le 24 novembre dernier. Mais déjà, au vu des recours (de l’opposition politique) devant la Cour suprême, la construction de l’aéroport est désormais mise en suspens. L’Unesco examine actuellement le projet. Contacté par RFI, l’Unesco nous a fait savoir que l’examen du dossier du futur circuit du train Maya est en cours. Le premier voyage en train Maya en 2024 Le président Obrador a quant à lui rappelé que la pandémie de Covid 19 ne ralentira pas son ambition, il a versé l’équivalent de 20 milliards d’euros pour la réalisation de ces chantiers. Le premier voyage de passagers en train Maya est promis pour 2024.
3 minutes | Mar 12, 2022
Le Japon fan de ses trains
C'est un événement 100% japonais. Ce samedi 12 mars, dans la préfecture d'Osaka a lieu le grand concours de peinture de trains. Toute la journée, les candidats vont rivaliser d'imagination pour décorer des trains qui circuleront ensuite sur les rails du pays. Au Japon, le train est une fierté nationale et pour cette 100e édition, bon nombre d'inscrits font partie de clubs de fans de trains. On appelle ces dingues de trains, les « Densha Otaku ». Ils sont deux millions sur les 125 millions d'habitants du pays. Et pour nous Européens, un curieux phénomène de société. Chambre d’hôtel avec vue sur les rails ! Aux premières loges pour voir les trains. Pour un réveil au son de sifflets de gare, un Densha Otaku (« fan de trains ») au Japon, est capable de passer tout son temps et de dépenser tout son argent.  Deux millions de fans de train, les Densha Otaku  On estime à deux millions le nombre d’hommes et de femmes, jeunes ou plus âgés, hyper passionnés. Hyper parce qu’au Japon, c’est toute la population qui, et, c’est peu de le dire, voue un culte aux trains du pays. Une île où l’on prend plus facilement le train que la voiture. Le train, vedette de télévision Le Japan Railways Journal passe chaque jeudi (traduit en langue anglaise) sur la NHK (la chaîne de télévision publique japonaise) Quant aux documentaires du Tetsudo Channel, ils sont entièrement en japonais et dédiés aux trains et réseaux ferrés.  Le 14 octobre, jour de la fête du chemin de fer Claude Leblanc, journaliste et professeur à l’université catholique de Lille est spécialiste de l’Asie. Ayant vécu au Japon, il ne cesse de s'enthousiasmer sur ce phénomène unique au monde :  « Le Japon est quand même le seul pays au monde à posséder autant de médias sur les trains. Mais la Chine, Singapour ou Taïwan, commencent, eux aussi, à avoir leur club de fans de trains, symbole de modernité et de puissance du pays. Au Japon, il y a les deux versants. D’un côté, la modernité avec les Shinkansen, les trains les plus rapides de la planète, aujourd’hui en compétition avec des modèles chinois, mais ils restent encore réputés. De l’autre, une certaine nostalgie des trains à vapeur. L’émission de la NHK en montre beaucoup. Jusqu’aux années 1970, les Japonais ont parcouru leur pays grâce à ces trains. » Des trains croisières gastronomiques Claude Leblanc souligne également la diversité des thèmes abordés. L’une des passions des Japonais se déroule à bord des voitures : manger à bord avec le Bento régional (plats gastronomiques à emporter) Beaucoup de Japonais font du tourisme de cette façon. Un voyage en train pour déjeuner et découvrir les produits d’une région en fonction des arrêts de ces escapades ferroviaires.  Le train de l’amour, le train Hello Kitty, le train oiseau éclair ! Galaxie express 999, le personnage principal de ce dessin animé est un train et il vole dans l’espace ! Dans les films, les mangas ou dans les jeux-vidéo, le train façonne l’imaginaire des Japonais. Thomas Sirdey peut en témoigner, lui, le créateur de Japan Expo, le plus grand salon de la pop culture japonaise à Paris et Los Angeles : « Le train est une fierté nationale. Le jeu vidéo le plus couru aujourd’hui est un simulateur de conduite de train. On choisit son propre train, on choisit sa ligne, ses horaires et la région à parcourir. L’un des métiers les plus respectés au Japon est le conducteur de train. Je connais beaucoup de jeunes enfants qui en rêvent. » Un chauffeur sanctionné pour 1 minute de retard Justement, les chauffeurs et chauffeuses de train, parlons-en ! Avec Mathieu Rocher, l’auteur d’ouvrages sur la société japonaise dont Japop, le Japon de la Popculture. Il raconte cette anecdote : l’an dernier, un chauffeur de train rapide souffrait de diarrhée, il est allé aux toilettes. Le train a eu 1 minute de retard, l’employé a été renvoyé :  « Vous verrez au Japon des gestes de chauffeurs inconnus en Europe ! Là-bas, le conducteur porte des gants blancs et en fonction des directions, des panneaux et des vitesses, il lève les bras et crie très fort. C’est une technique que l’on a tenté de mettre en place en France, mais les conducteurs ont eu trop peur du ridicule. Cette technique augmenterait la concentration et l’efficacité de la conduite. Mais imaginez, il faut s’attendre à conduire des trains de toutes les couleurs, de tous les formats. C'est tellement drôle de voir les trains décorés et peints aux couleurs d’Hello Kitty. À bord, vous rencontrez la petite chatte Kitty (une employée déguisée) qui vient vous saluer. » Faire ses courses en jouant au train électrique Autre phénomène de société, ces grands magasins où, entre les rayons parfum ou épicerie, vous trouverez ces espaces de trains électriques. Location de 10 minutes à une demi-heure pour profiter d’une pause durant vos achats. Le Japon est une île, sortie de son isolement grâce aux trains. Il y a près de 10 000 gares dans le pays.
2 minutes | Mar 5, 2022
Michel Caniaux et son Europe en manque de transversales
L'Europe donne 80 milliards à son transport de marchandises. Quelques jours avant les attaques russes en Ukraine, les ministres des Transports étaient réunis autour de leurs ambitions climatiques. Soucieux de réduire le nombre de camions sur leurs routes, les Européens promettent de doubler le nombre de trains sur le continent. Mais si l'on en croit Michel Caniaux, l'un des plus grands experts français du transport de marchandises, la France est loin de remplir son cahier des charges. Michel Caniaux a publié son dernier livre, Via Atlantica Ferroviaire, aux éditions L'Harmattan. En escale à Paris, il en a profité pour en parler à Marina Mielczarek. RFI : Vous êtes devenu l’un des grands experts des trains européens, comment êtes-vous tombé dans la marmite ? Michel Caniaux : J’ai fait une carrière à la SNCF (Société nationale des chemins de fer.) Durant ces années, j’ai aussi vécu 5 ans à Rome et j’ai vécu et observé de près les différences entre les pays. Autant pour le transport de voyageurs que de marchandises. C’est donc en toute légitimité que je peux dire aujourd’hui que la France est l’une des mauvaises élèves du réseau ferré. À partir des années 1980, notre pays a cru au tout-camion ! Au détriment de ses chemins ferrés classiques pourtant existants. Et depuis, bien délaissés, bien abimés. Alors justement parlons-en. Lors de leur dernière réunion européenne, le ministre allemand des Transports a dit que l’Europe devait rendre son offre ferroviaire pus sexy ! Ça veut dire quoi ? Ça veut d’abord dire beaucoup plus de simplicité et de fluidité ! Et surtout des efforts de la part de tous les pays. L’Europe se doit de retrouver son prestige ferroviaire tel qu’il était au XIXe siècle. Mais la France elle, se doit de retrouver son prestige des années 1970, juste avant son choix d’investir massivement dans les TGV (trains à grande vitesse) et d’oublier ses lignes secondaires. Pourquoi cette colère envers la politique ferroviaire française ? Parce qu’il y a eu un choix politique sur les TGV qui a conduit à découdre le maillage qui aurait pu relier bien des villes de France. Je ne suis pas contre le TGV, mais rendez-vous compte. Dans les années 1970, la France était l’un des pays les mieux équipés au monde en matière de trains. C’est l’attrait de l’argent facile en quelque sorte...  Cette semaine, intéressons-nous au fret, le transport de marchandises. À la tête de votre association Altro, Association Logistique Transport de la Région Ouest, comme dans votre livre Via Atlantica Ferroviaire, le même constat : le train pourrait recoudre les liens entre Européens.     Parfaitement ! J’en suis convaincu. Découvrir les produits des pays voisins, ou rendre visite à ses amis ou à sa famille en un voyage de train simple et direct, cela ferait beaucoup pour la paix entre les peuples. Et en ce moment, avec la guerre en Ukraine, on en mesure d’autant plus l’importance. En Europe, vous reconnaissez donc des bons et des mauvais élèves du transport de marchandises… L’Allemagne étant sur le podium avec d’autres pays plutôt à l’est. Oui ! L’Allemagne se donne les moyens de ses ambitions. Chaque année, elle investit environ 9 milliards d’euros pour son réseau ferré. L’Autriche 3 milliards pour un réseau ferré de 6 000 km donc beaucoup moins long que la France (27 000 km). En France en reste à un peu plus de 2 milliards d’euros par an. Vu le peu de moyens alloués, on ne peut faire que du maintien des voies, pas d’en construire de nouvelles, ce qu’il faudrait pourtant faire.    Vous avez une doctrine qui se résume en quatre lettres : RPFC C’est vrai. Et ça marche quand chaque critère est amélioré. R pour rapidité, P pour prix abordable, F pour fréquence Wi-Fi, et C pour confort. Vous défendez, l’idée de pouvoir traverser l’Europe de long en large sans devoir s’arrêter. Un gain en matière de protection de l’environnement. Mettre des camions sur des trains ou faire rouler des conteneurs sur des rails, oui, cela pollue beaucoup moins que les faire rouler sur une route en bitume ! En pleine crise énergétique en Europe, le choix ne se discute même pas.   C’est ce genre de transversale que vous défendez dans votre livre, cette Via Atlantica ? C’est exactement cela. On peut aujourd’hui imaginer une ligne de l’Ouest européen reliant Brest (en Bretagne) à Bilbao en Espagne jusqu’à Lyon puis en Italie et plus loin encore sans passer par Paris. Le malheur de la France est d’avoir fait des lignes qui rejoignent toujours la capitale. Il nous faut des trains qui passent de villes en villes européennes.     Mais il existe bien déjà des corridors ferroviaires existants au travers de l’Europe ? Oui, il en existe 9. Ils sont multimodaux, c’est-à-dire en même temps de routes et de chemins de fer. Ce qu’il faut faire c’est reconstruire de nouveaux chemins de fer en suivant ces axes. Parce que ces corridors sont de formats et de matériels totalement différents selon les pays. Pouvoir y circuler demande des arrêts fréquents selon les pays traversés. C’est le cas entre l’Italie et la Slovénie. D’où des dépenses en personnel pour ré-aiguiller les trains ou rattacher les wagons.   D’autres pays ont-ils déjà des systèmes déjà plus modernisés qui évitent ce travail manuel ? Les États-Unis et la Russie par exemple. Avec de l’attelage automatisé. En Europe, si nous avions ces lignes directes automatisées, nous aurions des calibres harmonisés. D’où d’énormes économies d’énergie, de temps avec du personnel occupé sur d’autres tâches.   Et le paradoxe c’est que ce sont souvent les écologistes qui empêchent ces projets ? Oui. Ils veulent moins polluer sans construire de nouvelles voies. Or, aujourd’hui, il faut savoir que les besoins et les exigences des habitants ont changé. L’essor de l’e-commerce (commandes à distance sur internet) demande plus de transports de marchandises. Sans oublier le facteur bruit, les riverains veulent bien des lignes, mais à condition de réduire les nuisances sonores. Pour cela, il faut bien de nouveaux prototypes de trains et de nouveaux axes de circulations.  La pandémie du Covid-19 nous a montré l’ampleur des exportations de marchandises depuis la Chine vers l’Europe. Or, la Chine ambitionne de développer ses nouvelles « routes de la Soie ». Des couloirs via les routes, les mers et il est déjà possible d’aller de France en Chine… en train !   Tout à fait, il faut 15 jours. En traversant l’Europe centrale. Et il faut s’arrêter là encore pour changer de rails parce que les écartements de voies dans les pays de l’ancienne Union soviétique sont différents. Mais oui, si ça fait gagner du temps et de l’énergie comparé aux transports par bateau, moi vous savez, j’encourage le développement de toutes les transversales !
3 minutes | Feb 26, 2022
Transports: les Français et la peur de la route
Et vous, prendre la voiture sur la route, ça vous fait peur ? Cette question, la société 3M, une entreprise d'équipement routier l'a posée dans 11 pays européens. Et surprise...  la France est en tête des pays où les conducteurs se disent anxieux face aux risques. La première source de leur angoisse est le comportement des autres automobilistes qui ont leur téléphone portable au volant. L'auteur de cette enquête, Guillaume Judet De La Combe, répond à nos questions.
3 minutes | Feb 19, 2022
Los Angeles et ses pilleurs de trains
Il faut voir les images pour y croire ! Aux Etats-Unis, c'est du jamais vu... Des millions de colis déchiquetés tombés des trains de Los Angeles. Un désastre dû à la vague de pillages sur des convois sortis du port, en route pour la Californie. Ces attaques ont commencé l'an dernier en pleine pandémie. Mais depuis, la police reste impuissante face aux gangs armés voleurs de marchandises.  Même les plus anciens présentateurs de télévisions locales n’ont jamais vu Los Angeles leur ville, surtout ce long tunnel à la sortie du port, dans un état pareil ! Téléviseurs, ordinateurs, voitures, pneus, médicaments et même fusils de chasse et revolvers  Les sociologues américains n’ont pas tardé à faire le lien avec la pandémie qui a augmenté le taux de chômage aux Etats-Unis. La pauvreté n’a fait qu’aggraver ces pillages déjà connus dans le monde du transport de fret, mais vraiment jamais d’une telle ampleur. Sur les voies, un samedi de janvier dernier, il y avait tellement de cartons éventrés qu’un wagon a déraillé. Des pillages en hausse de 160% Tenez-vous bien, le chiffre dépasse l’imagination : Union Pacific la compagnie privée chargée du transport de marchandises a vu le taux de vols augmenter de… 160 %... La police du district le reconnaît, ce chemin ferré sous les arches est particulièrement visé. D'autant plus que les trains venant du port sont extrêmement longs. A l'avant, le conducteur ne se rend pas compte de tout ce qui peut se passer sur chacune des voitures du convoi. Moins de dépenses en services de surveillance Mais selon les médias locaux, il y aurait également une faille dans la solidité des verrous des conteneurs de marchandises. Cela rendrait d'autant plus facile l'ouverture des wagons. C'est ce qu'explique Kristine Lazar, l’une des rares journalistes à être allée sur place, près des voies ferrées du quartier de Lincoln Heights. Grand reporter pour la chaîne CBS, elle explique que les gangs sont armés. Donc très dangereux y compris pour les agents de sécurité dont les effectifs ont été réduits pendant la pandémie : « Sous le tunnel, explique-t-elle, le train ralentit. J’ai passé du temps dans ce lieu près de la voie ferrée. C’est un terrain très dangereux où personne ne va parce qu’il y a des gangs violents qui s’affrontent. Mais ce trajet est une cible facile puisque venant du port, le train s’arrête à différents endroits pour être déchargé. Les pilleurs emportent le plus coûteux comme le matériel hifi, les pneus, les armes. Mais comme ils éventrent tous les colis, des marchandises moins chères sont laissées sur la voie et alors, d’autres pilleurs moins organisés viennent prendre ce qui reste.    40% des marchandises de la côte ouest transitent par le port de Los Angeles Du pillage à une telle échelle, c’est du jamais vu y compris pour des professionnels du transport. Et il en faut pour estomaquer Loïc Battu, directeur de sécurité ferroviaire de la compagnie allemande Deutsche Bahn.  « C’est un choc ces images ! Même si les vols de convois ont toujours existé et partout dans le monde, voir une telle quantité de colis éventrés sur les rails, ça reste inédit. Tout est beaucoup plus grand aux USA qu’en Europe ! Ils ont des voies plus longues et privées donc coûteuses à sécuriser. De notre côté, confronté au problème notamment sur des vols de trains de véhicules (voitures, camions…) nous avons opté pour des wagons anonymes sur lesquels aucun nom ni de produits ni de marques n’est inscrit. Et bien entendu, comme tout transporteur aujourd’hui, lorsque nous transportons des voitures de luxe par exemple, nous appelons des sociétés de surveillance. Surtout lorsque les arrêts sont prolongés. »   Les drones et caméras sont impuissantes parce que la majorité des vols ont lieu la nuit, les drones, les caméras que les autorités ont mobilisés ne parviennent pas à identifier les voleurs. Faute de preuves, bon nombre de personnes arrêtées ont été relâchées. Cinq millions de dollars de marchandises dérobées Tiraillées entre des consommateurs en colère de n’avoir jamais reçus leurs paquets et les promesses de surveillances augmentées, de grandes sociétés de transport comme Fedex ou UPS menacent tout bonnement de changer leurs routes et de ne plus faire transiter leurs colis par le port de Los Angeles. Cette délinquance ferroviaire aura dores et déjà dérobé 5 millions de dollars de marchandises.
2 minutes | Feb 12, 2022
Aéronautique: Jean Botti, l'ingénieur tout électrique
Élu ingénieur de l'année ! Une carrière aux États-Unis mais aussi en France à la tête de l'innovation d'Airbus, l'avionneur européen. Aujourd'hui, Jean Botti préside sa propre société, Voltaero. L'Union européenne a reconnu en lui un pionnier de l'aviation électrique. Sa proposition de nouveau transport vaut le détour : Jean Botti veut ressusciter les petits aéroports grâce aux appareils hybrides qu'il a lui-même inventés. Explications avec Marina Mielczarek.   RFI : Courtes distances avec petit nombre de passagers. Vos avions ne sont-ils pas en contradiction avec l’époque ? Protection de l’environnement et optimisation des vols ?    Jean Botti : Au contraire ! Aujourd’hui un Européen doit d’abord voyager en voiture ou en train (240 km aller / retour en moyenne) pour rejoindre les gros aéroports de Paris ou de Londres ou de Berlin. Nous, avec nos avions, nous les prenons à leur porte !  Une source de pollution et un prix ajouté au billet d’avion.   L’idée est de ressusciter le transport aérien régional ?   C’est exactement ça. En France par exemple, toutes les infrastructures existent déjà ! 400 aéroports et aérodromes sur tout le territoire. Développer les vols régionaux c’est protéger la nature puisqu’en France comme en Italie ou en Allemagne il est difficile de traverser le pays d’est en ouest rapidement. Il faut toujours changer de trains ou prendre plusieurs routes et autoroutes.   Vous mettez l’accent sur un point particulier souvent oublié : le bruit.   C’est crucial ! La France comme l’Union européenne ont d’ailleurs généralisé les réglementations. Tous les habitants d’Europe autour des aéroports se plaignent des nuisances sonores. Nos avions décollent et atterrissent avec le moteur électrique, donc sans bruit.   Comment fonctionnent vos appareils à hélice ?   Nous avons une grande aérodynamique grâce à une unique hélice. À partir de 2023, nos avions voleront avec des moteurs hybrides, mi électriques, mi thermiques. Pour moins de 200km, nos batteries électriques suffisent à tout le vol. Au-delà, de 200km à 600km, les pilotes ont la possibilité de recharger les batteries en vol grâce au moteur thermique qui, grâce à son énergie, joue le rôle de chargeur de batteries !   Si l’Union Européenne vous soutient, ce n’est pas le cas du gouvernement français qui parie plutôt sur l’avion à hydrogène et non pas électrique !  Oui, et je le regrette. Moi, ce que je cherche ce n’est pas de concurrencer les gros avionneurs. Mais les concurrents de la grosse aviation (USA et Chine) mangent déjà tout le marché. La France doit se différencier si elle veut être compétitive. Notre ministre des Transports devrait être plus attentif à cette relance des lignes régionales. L’avion à hydrogène ne sera pas prêt avant 2035, nous, nous avons déjà toute notre flotte. De plus, l'économie française en bénéficiera puisque nous créons des emplois et cela, c'est assez rare pour le souligner.     Ailleurs en Europe, des pays ont-ils également développé ce genre de transport ?  En Europe, les Pays-Bas sont sans doutes les plus avancés. En étant conscients que ces vols régionaux peuvent servir pour les passagers, le transport de marchandises mais aussi le transfert de malades et de médicaments. Imaginez, en période de bouchons sur les routes, les malades peuvent être transportés facilement d’un hôpital à l’autre.   Les atterrissages peuvent se faire partout, sur les pistes d’aérodromes, sur les pistes de terre... Avec cette possibilité-là, c’est une aviation un peu moins polluante qui conviendrait à l’Afrique ?   Absolument ! À court terme, nos sollicitations se concentrent sur l’Europe, l’Amérique, avec une forte demande en Asie dans des pays tels que le Japon, la Malaisie, les Philipines... Mais à l'avenir, l'Afrique est un continent où le marché pourrait être porteur.
3 minutes | Feb 5, 2022
Autocars, le bout du tunnel?
Allez-y en car, allez-y pour voir ! Mais depuis deux ans, avec la pandémie, le slogan a perdu son pouvoir ! Qu'importe ! La reprise est là et il y en a un qui pousse un grand « ouf » de soulagement ! Jean-Sébastien Barrault, le président de la Fédération des transports de voyageurs (FNTV). Pour les autocars, la crise sanitaire a amputé le trafic de 80%. Mais la reprise s'annonce.  RFI : Parler du transport en autocar en France, c’est parler des « cars Macron », ces fameux bus longues distances que le président Macron (alors ministre de l’Économie) avait mis en place en 2015. Une mesure efficace ?  Jean-Sébastien Barrault : Très efficace ! Les « cars Macron » ont démocratisé les voyages en France. Une personne sur deux n’aurait pas voyagé sans ce nouveau mode de déplacement, beaucoup moins cher. Aujourd’hui le variant Omicron continue d’empêcher la bonne reprise de la fin de l’année dernière. Néanmoins, avec la réouverture progressive des frontières, je pense notamment à la Grande-Bretagne, le trafic reprend peu à peu.  L’époque se veut protectrice de l’environnement, or les autocars restent des véhicules à essence ou à diesel donc polluants… Un car c’est 30 voitures de moins sur la route ! Je tiens toujours à le répéter. C’est sans doute encore plus polluant que le train, tout n’est pas parfait mais nous progressons dans la direction de véhicules électriques et à gaz. Sur les 65 000 autocars en France, seule une centaine est équipée. Alors oui, c’est trop peu et trop lent. Tous nos membres encouragent les industriels et les choses bougent.  Quel est la clientèle aujourd’hui, passagère de vos autocars ? Ceci en pleine crise sanitaire ! Les mesures sanitaires que nous avons prises sont très respectées (port du masque, désinfection quotidienne…) Les voyageurs sont rassurés. Il s’agit de jeunes gens en majorité mais pas que ! Beaucoup de Français d’âge moyen et de touristes également prennent l’autocar. RFI s’intéresse aux problématiques mondiales. Aux États-Unis, la crise de la Covid-19 a provoqué un manque de chauffeurs qui ont préféré quitter leur travail. Trop de contraintes sanitaires, trop de contraintes de temps et la peur du virus. En France, vous avez été confronté au même problème ? Oui, malheureusement ! Et cela s’explique, entre autre, par l’âge de nos chauffeurs (50 ans de moyenne). C’est dû à une règlementation qui obligeait (jusqu’à présent) les conducteurs d’autocars à avoir le permis à partir de 21 ans. Donc, les jeunes ne s’engageaient pas dans la filière pour un premier emploi. Mais là encore, les choses évoluent puisqu’après des mois de négociation, le gouvernement a accepté de baisser l’âge du permis à 18 ans.       En Afrique, la question de la qualité du permis et des cars se pose. Il y a le problème des véhicules conduits par des chauffeurs qui n’ont pas toujours le permis au volant d’autocars de mauvaise qualité puisque l’Europe envoie ces bus usagés sur le contient. Oui, c’est une réalité. Si ces véhicules sont entretenus, on peut s’en réjouir parce qu’ils permettent le transport de centaines de personnes à bas prix. Mais en effet, si les autocars sont laissés en l’état, ils finissent par avoir des problèmes de freins ou de moteur. En définitive, on peut en conclure que l’Afrique est loin de bénéficier des mesures anti-pollution en vigueur chez nous en Europe.
3 minutes | Jan 29, 2022
Do you speak l'anglais maritime?
Do you speak l'anglais des marins ? 40% des accidents maritimes seraient évités si les marins parlaient mieux anglais. Obligatoire dans les écoles d'officiers, la langue anglaise s'avère parfois difficile à comprendre lorsqu'elle est parlée et non écrite ! Avec près de 100 nationalités différentes sur les navires, tous les efforts pour améliorer la communication deviennent une question de sécurité publique ! D'où la naissance de PRAC-MARENG ! De nouveaux cours d'anglais initiés par une petite entreprise française qui a reçu l'appui de l'Union Européenne. Ce jour-là en Roumanie, ce n’est pas le mauvais temps qui était en cause, non, mais des crépitements sur leur radio. Deux navires (dont l’un chargé de pétrole) entraient au port en même temps… Et trop vite ! Mais parce qu’il fallait faire vite, les deux pilotes ont abandonné l’anglais pour se parler en roumain. L’accident a eu lieu. 82 nationalités différentes sur les mers Marqué par la catastrophe, Stéphane Salvetat, président de LAM (Heritage International Transport) a développé ces cours d’anglais maritime. L’une des grandes différences avec l’apprentissage en école se trouve dans... l’accent ! Car justement, comme l'explique Stéphane Salvetat, dans ces cours, l'accent est mis sur les accents : « Des Chinois aux Hongrois, des Roumains aux Slovènes, des Sénégalais aux Philippins, 82 nationalités différentes naviguent aujourd’hui sur les mers de la planète. Sur la totalité, deux tiers des marins dont l’anglais n’est pas la langue maternelle. Puisque les équipages se parlent, l’oral est primordial. L’accent d’un marin roumain est différent de l’anglais parlé d’un marin français ou chinois. Grâce à nos cours gratuits, cette formation « Mareng » va éviter de gêner la compréhension en mer ». Prac-mareng, ce nouveau cursus d’anglais maritime est disponible en 5 langues. Utile à tous, aux professionnels armateurs, marins, commerciaux comme au grand public étudiant en particulier avec des modules différenciés par types de bateaux : paquebots, vraquiers, porte-conteneurs… Un programme apprécié en Afrique  De quoi aider les officiers de tous les continents dont l’Afrique. Le Docteur Mohamed Briouig dirige l’ISEM l’École nationale d’Officier au Maroc : « Avoir un bon niveau d’anglais c’est une sécurité assurée à bord et aussi sur les routes ! Je salue cette nouvelle initiative Prac-Mareng de cours sur internet. Chez nous à l’ISEM à Casablanca, nous avons des cours de français et d’anglais maritimes. Mais je reconnais aussi les énormes efforts, ces dernières années, de l’OMI (l’Organisation internationale maritime) qui a rendu obligatoire l’obtention d’un brevet des bases de la navigation. S’ils n’ont pas passé cet examen, nos officiers comme les officiers du monde entier, ne peuvent pas naviguer ». Plaisanciers: to sink or not to think?  Cyrille Mousset passe autant de temps en bateau que tous les marins du monde. Plaisancière, elle vit sur un voilier tout l’année. L’anglais elle connaît ! Une carrière dans le tourisme avec une expérience de traductrice de livres techniques sur la navigation. Des anecdotes sur l’importance de connaître l’anglais même pour un simple plaisancier, elle en a des tas à raconter : « La formule de détresse en anglais quand un bateau est en train de couler est : SOS I'm sinking ! Un jour, une personne a reçu cet appel à la radio et il a cru entendre SOS I'm thinking ! Ce qui veut dire penser ! Il lui a demandé  : "À quoi vous pensez ?" D’où une perte énorme de temps pour se comprendre ! Je suis en Grèce actuellement et au port, j’ai croisé des Français qui ne parlaient pas anglais et c’est un problème ! Même entre plaisanciers, il faut au moins pouvoir donner des informations sur la longueur de son bateau, sa direction et son cap sur la radio. Une nuit, au cœur de la nuit Noire, la police m’a interpellée entre Malte et la Sicile. J’ai dû donner des informations sur mon voyage, mon équipage, mes motivations et il faut savoir répondre et quelques mots suffisent. » Dernière précision pour finir, les cours de Prac-mareng sont gratuits et soutenus par le programme éducatif Européen Erasmus +.
3 minutes | Jan 22, 2022
De l'usage du carrosse dans les royautés européennes
Aux Pays-Bas, le carrosse du roi restera au musée d'Amsterdam ! Il a pourtant fallu six années de travaux pour sa rénovation ! Mais face à la polémique sur l'un de ses dessins, le roi Wilhem et la reine Maxima ont préféré jouer la prudence. Décrié par des associations de droits humains, ce dessin sur le carrosse représente des hommes noirs soumis à une maîtresse blanche. Une polémique néerlandaise nous donne l'occasion de nous pencher cette semaine sur ce transport si particulier, le carrosse royal.  Avant d’avoir le chauffage du double vitrage et des suspensions confortables, les carrosses royaux laissaient passer les courants d’air, ils étaient froids, faisaient mal au dos, aux fesses. Pourtant les rois et reines les utilisaient pour tous leurs voyages. Et parfois de très longs trajets. « Le carrosse royal permet le contact avec les foules, beaucoup plus proche qu'en voiture. », explique l'historien Patrick Weber. En Europe, c’est dans les années 50, que les royautés se divisent jugeant le carrosse contraire à la modernité. La Belgique, le Luxembourg l’Espagne et la Norvège ont abandonné le carrosse jugé dépassé. De l’autre, la Grande-Bretagne, le Danemark, la Suède et les Pays-Bas le conservent. Mais uniquement pour les défilés, mariages et cérémonies.  Pour Patrick Weber, historien belge, expert des royautés européennes, les sorties en carrosses participent du faste, et même de la magie que les rois et reines véhiculent dans l’imaginaire.  « D’abord parce que ces carrosses sont réparés et rénovés par d’excellents artisans qui respectent les matériaux et les techniques d'autrefois. Aujourd’hui, les carrosses royaux sont utilisés dans les moments les plus importants des familles royales, l’ouverture des Parlements, les mariages. Il est certain que pour la magie opère, il faut un décalage, que la vie royale ne ressemble pas à la vie de Mr et Madame Tout le Monde. » Les Regalia stimulent l’imaginaire  Ces accessoires et véhicules de prestige, appelés les Regalia (le carrosse, les couronnes, les sceptres), sont anachroniques pour certains, cependant le carrosse avec ses roues et ses sièges élevés permet aux foules d’apercevoir leurs souverains. Ce qui est plus difficile en voiture motorisée. Donc, au lieu de nostalgie, le carrosse peut au contraire apparaître comme un outil stratégique.  Le Royal Mews, succès à Buckingham Palace  C’est à la boutique des musées royaux qu’on mesure encore le mieux le succès des carrosses royaux. Le Royal Mews de Londres est sans aucun doute le plus visité en Europe. Les entrées rapportent aussi de l’argent au pays. En France, la royauté a disparu mais les foules de visiteurs aux Écuries de Versailles prouvent le prestige d’un pouvoir révolu.  Les carrosses exposés rapportent de l’argent aux pays Dans chaque royauté européenne, les musées et grandes écuries accueillent chaque année des touristes passionnés. Katia Alibert est l’une des mieux placées pour en parler. Rédactrice en chef adjointe du magazine Gala, proche de la famille royale britannique, elle connait leurs habitudes par cœur. « Aujourd’hui à la cour de Londres, on ne peut pas envisager un mariage ou un baptême sans carrosse. En dehors des cérémonies les rois et reines se déplacent en voiture. C’est le cas du roi d’Espagne Felipe et de son épouse, la reine Letizia. En Angleterre, la reine Élisabeth II adore conduire. Elle possède un garage de voitures anglaises, des Range Rover, des Bentley, des Rolls-Royce. Quant au couple princier William et Kate, ils se déplacent plutôt en berline. » Le carrosse plus écologique  Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, les carrosses royaux, en dehors de l’affaire des gravures du carrosse royal des Pays-Bas, reviennent à la mode, comme transport écologique, moins polluant qu’une voiture. Mais là encore, la polémique a repris ses droits puisqu’en Belgique, des associations de protection animale dénoncent leur emploi dans l’espace public. C'est aussi vrai pour les montures de la garde du trajet que pour les « tracteurs ... Ainsi sont nommés les chevaux de tête de cortège !
3 minutes | Jan 15, 2022
Transport maritime et Covid-19: marins en crise
Entre marins, on appelle ça une crise de changement d'équipage. Confrontés à l'expansion de variants du virus Covid-19, des pays imposent de nouveaux confinements aux transporteurs de marchandises. Tous les secteurs, l'aérien, le routier et le transport en mer sont concernés. Dans un document commun, leurs organisations internationales en appellent à une libre circulation des travailleurs avec l'accès au vaccin pour les marins des pays les plus pauvres. Quatorze jours enfermé avec pour seule distraction un ordinateur ! C’est durant sa quarantaine dans un hôtel de Corée du Sud que le capitaine Pierre Blanchard, président de l’Association française des capitaines de navires a alerté les pays du monde entier sur le sort des marins.  Vacciné trois fois, testé. Et pourtant, en quarantaine Parce que, venant de France, le capitaine Pierre Blanchard a reçu les trois doses des vaccins reconnus par l’Organisation mondiale de la santé. Avec en plus, son test à l’aéroport affiché négatif. Mais par manque de coordination internationale, chaque pays peut décider des contraintes imposées aux marins. La Corée n’a rien voulu savoir. C’est aussi le cas de Singapour connu pour avoir sa propre et unique liste de produits sanitaires reconnus (vaccins et tests de contrôle Covid.)  65 millions de transporteurs et marins. La majorité viennent de pays pauvres. S’il a finalement regagné son navire en mer de Corée, ce n’est pas le cas de tous ses collègues. Aujourd'hui, le capitaine Pierre Blanchard, en appelle à une action mondiale :  « J’ai vu avec cette quarantaine en Corée du Sud, ce qu’être enfermé 24h/24 signifie. Impossible de sortir de ma chambre. Un employé venait me donner mes repas à la porte. Alors j’imagine ce que mes collègues marins non vaccinés, venant d’Afrique, d’Asie (qui constituent la majorité du personnel des équipages), pourraient subir si les variants continuent de se développer… Il faut vraiment donner un accès prioritaire aux travailleurs du transport maritime. Avec des vaccins certifiés de façon à ce qu’aucun pays ne puisse exiger des confinements contraints et prolongés. » L'appel à un statut sanitaire international C’est pour éviter que la question des vaccins provoque ce que les marins ont déjà subi avec les confinements à bord au début de la pandémie, que l’Association internationale de transport maritime se mobilise aussi.  Natalie Shaw, décorée pour avoir sauvé des familles de marins britanniques L’une de ses membres, la Britannique Natalie Shaw a reçu l’ordre royal britannique du Mérite (Order of Merit). Ses efforts auprès d’ambassades (tous continents confondus) a sauvé des familles entières de marins britanniques. Elle nous le confirme, sans ressources, ce sont les enfants et les épouses des travailleurs de la mer qui sont en péril. Cette année encore elle en appelle à un statut exceptionnel des transporteurs en mer :  « Pourquoi les marins devraient avoir un statut particulier ? Simplement parce que sans eux, le monde entier serait déjà mort de faim par cette pandémie ! Qui a transporté la nourriture, les ordinateurs, les médicaments, tous les produits de santé dont les habitants de tous les continents du monde ont bénéficié grâce au transport par la mer ! N’oublions jamais que 90% de nos biens de consommation sont transportés par navires. » Les équipages composés de marins africains et asiatiques Frédéric Moncany de Saint-Aignan préside le CMF, le Cluster maritime français. Quand il évoque cette urgence de laisser les marins circuler entre les continents du monde, il parle de vrai scandale. « Oui, c’est un scandale auquel il faut immédiatement remédier. Par peur des contaminations, les gouvernements interdisent les débarquements de personnel et renvoient la balle aux pays voisins. Déjà, en 2020, lors des premières fermetures de frontières et des interdictions d’accès aux ports, nous avons vu des marins attendre un an entier à bord du même navire, sans pouvoir mettre un seul pied à terre ! Imaginez les conséquences psychologiques pour ces marins. Aujourd'hui l'urgence concerne la vaccination des équipages en majorité composés d'ouvriers venant de pays pauvres qui n'ont pas tous les vaccins reconnus par l'Organisation Mondiale de la Santé. Si cette question des vaccins n'est pas prise en compte par les pays et les autorités sanitaires internationales, il y aura de graves interruptions dans la chaîne de transport de marchandises. » L’accord des transports maritimes, aériens et routiers L’une des solutions viendra peut-être de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En accord avec les plus grandes organisations de transport en mer, avec l’ICS (Chambre internationale de commerce maritime), mais aussi avec celles de transport aérien, l’IATA (l'Association internationale de transport aérien), de transport terrien l’IRU (Union internationale des transports routiers) et l’ITF (Fédération internationale des ouvriers du transport), l’OMS pourrait émettre une carte de validation de vaccins Covid-19.  La carte jaune Covid-19 Le projet est en cours. Il s’agirait de doter chaque marin embarqué d’une Carte jaune, bâtie sur le modèle de leur carnet de fièvre jaune (obligatoire). Cette carte dédiée à la Covid-19 et à ses variants pourrait rassurer les autorités.  Une urgence maritime prioritaire  Face à un tel certificat universel, les différents gouvernements ne pourraient plus rien remettre en cause. Le problème étant de connaître la motivation des pays. Une telle initiative sanitaire pourrait mettre des mois, voire des années avant de voir le jour.
3 minutes | Jan 8, 2022
Thibault Constant, le Youtubeur des trains
Il a 25 ans. Il est fils de cheminot et créateur d'une chaîne YouTube (Simply Railway) entièrement dédiée au train ! Après un an d'escapades sur les chemins de fer du monde entier, le succès est tel qu'il en arrive à en faire son métier principal. C'est à son retour de voyage dans les gares des États-Unis et du Maroc que nous l'avons invité. Passionné du rail, Thibault Constant publie un livre tiré de ses aventures : « Trains de nuit, 30 trajets inoubliables », aux éditions Gallimard.  Marina Mielczarek : Thibault Constant, comment vous définir ? Vous êtes influenceur sur les trains internationaux, blogueur, aventurier ?  Thibault Constant : Un peu tout à la fois. On peut aussi dire Youtubeur !  Vos dernières aventures sur votre chaîne YouTube Simply Railway, vous traversez le Maroc. Un pays engagé, dites-vous, dans le développement du train.  Au Maroc, je suis allé dans les gares de Marrakech, de Casablanca, de Tanger. Les plus grandes villes du pays ont aujourd’hui des gares ultra modernes. Le gouvernement continue de s’impliquer dans le chemin de fer. Leur TGV (train à grande vitesse) s’appelle « Al Boraq », inauguré en 2018 et fabriqué en France. Et puis d’autres trains les « Al Atlas », permettent d’aller dans le désert et de traverser le Maroc de long en large.  La qualité de leurs voies ferrées vous a aussi stupéfait, dites-vous. Oui ! C’est incroyable cette modernité dans les plus grosses villes. Avec un soin apporté aux containers, aux voitures et aux voies ferrées très bien entretenues. Alors certes, du point de vue matériel, le Maroc roule encore avec des anciens modèles importés de France. Ce sont d’anciens modèles de la SNCF (Société nationale des chemins de fer) mais le gouvernement est en train de rénover tout le parc et de développer le goût du train, la culture de ce moyen de transport auprès de la population.  Ailleurs en Afrique, des pays qui vous tentent…  J’aimerais beaucoup voyager dans les trains d’Afrique du Sud. Ils ont des trains de luxe qui doivent être vraiment très agréables à expérimenter. Et puis au Sénégal, Dakar a investi dans un train de banlieue, sur le modèle des RER français et fabriqué également en France par Alstom. La SNCF a aussi chapeauté le projet. Quant à l’Égypte, ce sont les champions des trains de nuit le long du Nil.  Dans votre livre, Trains de nuit, 30 trajets inoubliables en Europe, vous partagez vos aventures nocturnes en donnant votre avis sur les services proposés à bord. À voir les autres pays, on a vraiment l’impression que les trains de nuit français sont démodés et mal équipés.  En France, tout est à refaire ! La dernière rénovation des voitures de nuit date de l’an 2000 ! Dans ces trains, il n’y avait même pas de compartiments individuels pour des lits couchettes. Et même pas encore de prises électriques dans toutes les voitures. Aujourd’hui, c’est impossible, il faut que les voyageurs aient du courant pour brancher leur réveil… qui est sur leur téléphone portable ! Mais les choses changent, la SNCF est en train de rénover 90 nouvelles voitures couchettes. Il y a encore énormément de travail notamment sur les lignes entre villes secondaires en province. Un autre point à améliorer serait les réservations sur internet.  Que pensez-vous de la relance du plan français l’an dernier en 2021, en faveur des trains de nuit ? C’est le choix incontournable. Dans tous mes voyages, je le constate, les jeunes étudiants ou les personnes qui ont de faibles revenus ne sont plus les seuls clients des voyages de nuit. Le train est le transport de l’avenir, rentable et moins polluant que l’avion.  Dans l’un de vos films sur les trains de nuit, vous évoquez la formule magique des petits déjeuners au lit des trains de nuit anglais ! Alors qu’en France, il est impossible de trouver un service restauration correct ou même de petit déjeuner.  Je vous conseille de vivre l’aventure absolument incroyable ! C’est à bord du train Night Riviera de la compagnie Great Western Railway. Entre Londres et Penzance Cornwall dans le sud-ouest du pays. L’hôtesse vient dans votre voiture et pose le plateau sur votre table de nuit, c’est génial !  La génération des 18-35 ans est convertie ? Depuis deux ans, et la crise de Covid-19 a amplifié les choses, l’avion perd sa popularité. Au cours de mes voyages en train, j’ai constaté le nombre croissant de voyageurs jeunes, mais aussi d’adultes convaincus d’être plus vertueux pour la préservation de la planète.  Vous revenez juste des États-Unis. Là-bas le président Biden annonce son grand projet de développement des transports. Avec une belle part dédiée au train et aux constructions de voies ferrées, le chantier est énorme, un peu trop ambitieux selon vous ?  Les États-Unis ne sont pas l’Europe ! En matière de trains, les Américains ne connaissent pratiquement pas ce moyen de déplacement. Ils comptent sur la voiture et l’avion. Autrefois dans les années 1950, c’était un transport privilégié. Aujourd’hui à part un triangle entre New-York, Washington Boston et le train, (le corridor nord-est) où des gares existent, il n’y a pas de services de trains. Si le président Biden veut développer le train, il aura tout à reconstruire ! Et puis, il lui faudra convaincre les gens de prendre le train, ce qui n’est pas une mince affaire.  Aux États-Unis, le rail du transport de marchandises est-il modulable pour transporter des voyageurs ?  Business as usual (l’argent avant tout) ! Aujourd’hui les voies ferrées qui servent au fret appartiennent à des compagnies privées. Or, le gouvernement aura beau leur proposer de partager ces lignes, c’est selon moi, quasi perdu d’avance ! Ces sociétés font trop de profits avec le transport de marchandises pour vouloir changer la donne.  Ce qui est passionnant dans votre livre et sur vos images, c’est de voir le côté coulisses du monde ferroviaire que vous proposez. Ainsi, le nettoyage des TGV ou les différentes stratégies des positions de quais ou d’escaliers dans les gares du monde entier. Un aspect qui intéresse vraiment les gens ?  Moi-même je suis étonné par le succès de ces séquences !  Vous êtes fils de cheminot, la transmission de père en fils !  Mon père et aussi mon frère conduisent des trains ! Moi, je filme mes voyages au travers le monde. Vous avez raison, c’est une affaire de famille ! Pour les images des coulisses, les jeunes les regardent beaucoup et en redemandent. Moi, j’aime partager cette passion avec eux.
3 minutes | Jan 1, 2022
Transports: Nacima Baron, la gare multifonctions
C'est un métier peu connu du grand public : chercheuse en transports et en villes modernes ! Géographe, Nacima Baron enseigne dans plusieurs universités françaises. Mais c'est à l'étranger qu'elle passe la plupart de son temps. Ce sera certainement le cas en 2022 ! Entre la reprise des trains de nuit français et l'annonce de nouveaux chemins de fer aux Etats-Unis, le train sera la vedette de cette nouvelle année ! Engagée par le gouvernement américain, par la France ou le Maroc, Nacima Baron s'intéresse notamment en ce début d'année à la place des gares : quel rôle pour la ville, les habitants et les voyageurs ? RFI : Vous êtes quelqu’un d’extra-ordinaire ! Votre tête contient la carte entière des chemins de fer français... Nacima Baron : Pour moi, la passion du train mais surtout des gares passe par la poésie ! La gare, c’est un lieu de passage où l’on se projette. C’est la maison de personne et de tout le monde en même temps. Un lieu extrêmement minuté et en même temps où l’on attend parfois très longtemps. Tous ces paradoxes m’intéressent. Vous êtes aujourd’hui chercheuse sur les mobilités urbaines, donc spécialiste de la vie en ville. La gare, dîtes-vous, c’est le moyen de s’échapper... Moi la première ! Je suis arrivée à Paris par le train, un jour de pluie d’ailleurs, avec le plan que m’avait acheté ma mère. On se souvient de ces moments très forts lorsqu’on est adolescent, jeune étudiante. La gare, c’est le moyen de quitter une ville pour aller dans une autre. Jusqu’en 2025, en parallèle à votre travail au sein de la chaire Gare à l’École des ponts, vous allez travailler pour l’État et la SNCF en repensant les gares de demain... La France, il y a cinquante ans, comptait deux fois plus de gares qu’aujourd’hui. Donc, un grand nombre ont fermé. Mon travail consiste à étudier les façons d’éviter ces fermetures. Je voyage dans le monde entier pour comparer notre système français aux autres modèles étrangers. Par exemple, en Irlande, ils sont beaucoup dans la nostalgie des toutes petites gares. Ils les préservent. Les murs ne sont pas détruits et les trains roulent lentement mais assurent les connexions. L’Italie est aussi un pays que vous citez. Comment fait-on évoluer une gare comme l’ont fait les Italiens ? En en faisant un espace de vie et de services. Ce qui améliore la sécurité de la gare et surtout du quartier de la gare. C’est comment on peut partager. Une gare peut abriter un centre culturel, un centre social. En Grande-Bretagne, cela peut paraître anecdotique, mais l’installation des pianos dans les gares a aidé la sociabilité. L’enjeu, c’est de réhabiliter ces quartiers sans augmenter le prix des loyers dans ce périmètre. Et l’Afrique ? Dans vos travaux, vous citez beaucoup l’exemple des trains africains. Ils n’ont pas toujours de vraies gares où s’arrêter... Oui ! L’Afrique est passionnante parce que de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest comme d’Afrique de l’Est, sont en pleine transition. Leur patrimoine ferroviaire date de l’époque coloniale, il faut le savoir et reconnaître les souffrances engendrées. Aujourd’hui, leur défi est de réussir le passage du transport de marchandises à une économie du transport de passagers. Or, là encore, il faut savoir s’adapter aux spécificités locales. Une gare au Sénégal ne ressemblera pas forcément à une gare de Côte d’Ivoire. Il peut y avoir des murs mais pas forcément. Cela peut être un lieu de rassemblement éphémère. Quels sont les pays africains bien engagés dans ces transformations ? Le Sénégal, la Côte d’Ivoire, mais je m’intéresse aussi au transport collectif au Tchad, au Maroc, au Gabon. Ne jamais oublier que pour la jeunesse et la population générale, la circulation pour les études et le travail est un facteur de réussite économique. Mon message est le suivant : une gare utile sera une gare où l’on pourra par exemple trouver des livres, où les écoliers et les gens en général pourront obtenir des informations, voir et faire différentes activités culturelles, sportives ou autres. Construire, investir dans les gares et le train, c’est aussi préserver l’environnement ? Forcément ! En Afrique, avec le soleil, l’énergie solaire est un énorme potentiel. Il faut apprendre à recycler les ressources et les déchets. N’oublions pas qu’un train réduit le nombre de voitures et de camions sur les routes. En ville, les véhicules moteurs polluent davantage que le rail. Et les Africains confrontés aux embouteillages avec des voitures souvent recyclées sont particulièrement exposés aux particules toxiques, mauvaises pour la santé. Vous travaillez avec les États-Unis, notamment pour l’État de Washington. Le président Biden a décidé de relancer les transports et les infrastructures du pays, pour innover dans le chemin de fer et les routes américaines. Il était grand temps ? Oui ! De son temps, le président Obama avait investi dans le train à grande vitesse et le tramway. Biden a une vision très large : il veut réconcilier les deux Amériques, celle des grands espaces ruraux et celles des grandes villes. Mais aussi des riches et des laissés-pour-compte, les plus pauvres. C’est d’ailleurs le cœur de votre travail dans le nord de la ville de Washington avec un tramway ? Parfaitement ; à Washington, je travaille sur une ligne de tramway à la périphérie, appelée « Purple Line », « la ligne violette ». Elle reliera les quartiers de l’Est, avec une population d’immigration récente, très pauvre, au Nord-Ouest, une zone beaucoup plus riche. Pour faire en sorte que cette nouvelle ligne ne chasse aucune population, il faut éviter l’explosion du prix des loyers. Le second pari est d’arriver à maintenir le petit commerce ethnique : que les immigrés déjà installés ne perdent ni leur habitat ni leur boutique.
3 minutes | Dec 25, 2021
Rod Stewart: une passion pour les trains miniatures
Il est un chanteur, il est anglais et Noël pour lui, c'est la magie des trains ! Rod Stewart a révélé sa passion à la presse américaine. Une passion que ses amis qualifient proche de l'addiction ! La star britannique a mis 26 ans à achever une maquette de circuit ferroviaire inspiré du réseau de Chicago. En Europe, c'est en Grande-Bretagne et en France, deux pays de tradition ferroviaire que l'on compte le plus de ferroviphiles, les fans de trains miniatures. Même en tournée, Rod Stewart emporte ses maquettes ! Les hôteliers, au courant de l'addiction du chanteur sont priés de réserver une chambre supplémentaire pour ses voies ferrées. Mais surtout, c'est ce qui l'amuse le plus tout ce qui va autour : les murs de la gare, les arbres, les grattes-ciels et les rues. D'ailleurs dans l'entretien donné à la revue américaine Railway Modeller, Rod Stewart se dit plus paysagiste que ferrophivile, oui on les appelle comme ça, les passionnés comme lui. Des journées entières à recréer un bout d'enfance. Les nouvelles consoles permettent le détail sonore et visuel : fumée qui s'échappe, phares allumés, même les étincelles du caténaire !  Parce que c'est cela sans doute le plus troublant. D'entrer dans cette nouvelle boutique de trains miniatures où se vendent les dernières consoles. Finie l'image poussiéreuse des fans de locomotives, aujourd'hui, d'une simple touche sur son téléphone, on fait apparaître de la fumée de sa locomotive. Dans sa cave ou son salon, toujours quelque chose à voir avec l'enfance«  Regardez-bien cette console, nous dit ce vendeur du magasin Paris modélisme à Paris, vous voyez là un dessin, et ce dessin correspond à une fonction. Il n'y a pas plus simple, nous explique-t-il, j'appuie sur ce dessin d'ampoule et ce sont les phares de la locomotive qui s'allument. Là, sur ce dessin de haut-parleur, j'actionne la sirène du train de tête et le tchou-tchou si particulier à chaque modèle. Grâce au numérique et aux systèmes commandés par ordinateur ou depuis mon téléphone portable, je recrée le son de tous les modèles de trains du monde, j'arrive même si je le veux à avoir l'étincelle qui crépite en touchant les câbles électriques. Moi, je suis comme Rod Stewart, ce qui m'amuse le plus chez moi, dans ma cave, c'est de récréer le paysage autour des voies ferrées. Vous voulez connaître mon dernier achat ? Un ensemble de figurines plastiques. J'avais envie d'ouvriers, du personnel d'entretien des voies. Tous ces petits personnages sont très réalistes avec leurs uniformes oranges et gris phosphorescents. En fait, ce que j'aime vraiment, c'est que ce n'est jamais fini, on a toujours quelque chose à ajouter pour recréer la réalité.  » Pour le Salon Européen du Train, Trainsmania, son créateur Christian Fournereau parcourt le monde ou plutôt les caves, greniers chambres ou cuisines de ferroviphiles (on peut aussi dire ferrovipathes) de la planète. Au pays des ferroviphiles, l'Allemagne est reine avec le plus grand nombre de fabricants de trains miniatures d'Europe. Les Allemands ont 160 ans d'histoire ferroviaire derrière eux. L'Afrique peu pourvue en voies ferrées est un continent absent des grandes messes du modélisme. L'Allemagne, 160 ans d'industrie ferroviaire, championne toutes catégories. Le Japon excelle dans les miniatures de locomotives et de paysages.« Sans tomber dans la caricature, explique Christian Fournereau, le modélisme ferroviaire est lié au mode de vie et à la dimension des logements ! En raison de son histoire et de son développement de voies ferrées, l'Allemagne qui fête cette année ses 160 ans de miniatures de trains, compte aussi le plus grand nombre de fabricants de maquettes de train et de rails. Cette pratique est une activité d'intérieur donc plus on remonte vers le nord, en Angleterre, aux États-Unis, plus on a de passionnés. Pour mon festival, j'ai déjà mis à l'honneur le Japon. Un pays en raison de l'étroitesse des appartements, où les modélistes excellent dans les mini-formats. C'est impressionnant de voir les paysages, les accessoires et les trains bouger sur des plateformes beaucoup plus petites que celles vendues chez nous en Europe. Mon dernier coup de cœur ? La Suisse, j'y ai rencontré un milliardaire. Il a fait construire une maison entière consacrée à ses maquettes. Deux étages avec 20 professionnels modélistes embauchés spécialement pour recréer la gare de Nice connue dans sa jeunesse des années 1930. » Rod Stewart est ferroviphile mais il n'est pas le seul... Pour la rubrique célébrités, sachez que Walt Disney le réalisateur américain, était aussi un passionné de train miniature, tout comme le chanteur Frank Sinatra et plus proche de nous, le chanteur Neil Young. En France, pas de grandes vedettes, mais des personnalités comme le député Jean-François Copé et l'animateur de télévision Cyril Hanouna. Quel que soit le pays, l'âge moyen des ferroviphiles évolue autour de 45 ans avec beaucoup plus d'aficionados garçons que d'aficionadas. Mais grâce aux consoles et aux nouveaux gadgets, la donne, qui sait, peut changer.
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