#3 - Saint Eugène (3/3) : Visbilité et légitimité de la scène drag
Dans cet épisode, j’accueille Jeanne L’Homer ou Saint Eugène de son nom de scène. J’ai découvert son travail artistique grâce à Marion Cazaux qui effectue une thèse sur l’art queer et en fouillant un peu j’ai pu découvrir quelques artistes qu’elle avait exposé dont Saint Eugène. Je suis tombée bouche bée devant la complexité et la poésie de ses personnages dans ses performances narratives et ses dessins qualifiés d « hyper-catharsis ». Après un séjour de 3 ans à Miami et une prépa cinéma animation, iel a étudié à la HEAR (Haute école des arts du Rhin de Strasbourg)). C’est donc quelque part entre Miami et Strasbourg, que Saint Eugène est né.e et s’est imprégné.e de diverses influences queer qui lui ont permises d’évoluer et d’affirmer son identité.
Sa pratique artistique se compose de 2 champs : la performance narrative et le dessin qu’iel qualifie d’ « hyper-catharsis ». Iel va forger un lien fort au drag grâce à la House of Diamonds où s’organise le Diamant Brillant Drag Show, un événement d’art performatif queer regroupant drag kings, drag queens, drag queers et club kids. Le drag, qui est une expression théâtralisée du genre, lui permet aujourd’hui d’explorer des formes multiples de mises en scène et de la narration où le jeu, l’écriture, la musique, le costume sont pensés avec finesse et produit suivant un processus d’une grande rigueur.
Cet épisode est divisé en 3 parties parce qu’avec mon invité.e, nous avons discuter un long moment de sa pratique artistique, du monde du drag king tout particulièrement et bien évidemment, de ce que ça signifie d’être un ou une artiste drag, hors du circuit de l’art contemporain habituel. Saint Eugène nous parle de sa démarche artistique par le prisme des gender studies et de l’histoire queer.
Cette dernière partie débute avec la problématique inévitable de tout jeune artiste. Si vous avez écouté les autres épisodes, vous savez de quoi je parle : il s’agit de la précarité. Comme il y a peu de moyen sur la scène drag, nous évoquons l’idée de l’amateurisme selon laquelle tout est fait par soi-même du costume à la captation. Saint Eugène, vis-à-vis de cette économie restreinte, va d’abord produire ses vidéos réalisées par ses ami.es placés dans le public, caméra en main. Iel a évolué vers la vidéo considéré comme véritable objet signifiant en faisant appel à ses amis vidéastes ou des étudiants en cinéma. Saint Eugène nous permet donc de comprendre l’impact du manque de moyen produit sur la reconnaissance, la visibilité et la légitimité d’existence des artistes performeur.euses drag dans l’histoire. Nous évoquons donc le système de rémunération sur cette scène et son organisation. Ce que j’ai aimé particulièrement dans ce moment de discussion c’est les actions proposées par des structures associatives pour l’amélioration des conditions de travail qui sont en fait indissociable de la nécessité d’inclusivité et d’égalité du panel queer.
Vous pouvez notamment retrouver son travail sur ses deux comptes instagram : sainteugeneking et jeanne.lhomer, et son compte Youtube Saint Eugene.
x Extrait 1 de la pièce Richard III mise en scène par Thomas Jolly : https://www.youtube.com/watch?v=mobAIktGA1M
x Extrait 2 de la performance "Lady Oscar" de Saint Eugène (2019), musique "Bara Wa Utsukushiku Chiru" et "Oscar's death", BO de la série Lady Oscar et "Live by the sword" interprétée par Dorian Electra : https://www.youtube.com/watch?v=TsbltilAzcM
Musique credits : Funky Moon by Stefan Kartenberg (c) copyrights 2019 Licensed under a Creative Commons Attribution (3.0) license. dig.ccmixter.org/files/JeffSpeed68/60155 Ft: Apoxode